Julie fait partie des 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention Citoyenne pour le Climat. Elle nous raconte anonymement cette expérience, mais aussi les changements que cela a engendré pour elle et sa famille.
La Convention a commencé par un tirage au sort des citoyens. Julie a été sélectionnée puis contactée par téléphone pour qu’on lui propose une mission : participer à la Convention Citoyenne pour le Climat. « Lorsque nous sommes démarchés de la sorte par téléphone, nous nous questionnons, tout va très vite ! ». Cela a été tellement rapide pour Julie qu’elle a raccroché sans prononcer un mot. Elle pense avoir affaire à des faux démarcheurs. Alors qu’elle pose le combiné et qu’elle parle de cet appel à son mari, ce dernier lui répond avec une pointe d’humour qu’elle a rejeté la proposition d’un vrai événement créé par le président de la République. Un peu stupéfaite, Julie vérifie le numéro ainsi que la validité de la convention. Elle décide de contacter à nouveau ce numéro, demande plus d’informations, et finit par accepter : « J’avais le soutien de mon mari, le soutien de mes enfants, et pour moi c’était important. Peut-être qu’au départ ce n’était pas un sujet qui m’animait et auquel je ne faisais pas attention au quotidien, mais je me suis dit que c’était l’occasion d’en savoir plus. »
Un autre point important pour Julie : la démocratie participative qu’elle décrit comme étant « la volonté de créer ensemble un projet pour l’écologie, avec 150 personnes très différentes mais tous citoyens ».
Pourquoi faire une Convention Citoyenne pour le Climat ?
La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) est une expérience inédite en France : 150 citoyens, tous tirés au sort et réunit autour du sujet de l’écologie. Les citoyens ont été éclairés, ont reçu des informations, du contenu. Ils ont été répartis en groupe de travail. Pendant six mois, d’octobre 2019 à juin 2020, les citoyens ont réfléchi à ces questions durant sept sessions de travail de trois jours chacune.
L’objectif de cette convention est de réduire de 40% les émissions de gaz à effets de serre d’ici 2030. Cela passera par des propositions de Loi qui vont être étudiées par le gouvernement.
Les gaz à effet de serre sont de plus en plus dangereux, notamment à cause de l’empreinte laissé par les hommes. Le gouvernement ose dire « les hommes » pour que chacun culpabilise, la réalité est que les grosses émissions de gaz à effet de serre proviennent de gros secteurs : production d’énergies (pas renouvelable), les transports (routiers, aériens), l’agriculture et l’industrie.
Comment fonctionnait la Convention Citoyenne pour le Climat ?
Les regroupements ont eu lieu au Palais d’Iéna à Paris, dans un cadre très parlementaire. Dès son arrivée, Julie a ressenti l’importance donné à sa mission et à son rôle dans la convention.
Lors du premier weekend, des experts en biologie, en économie et en climat étaient présents pour exposer le constat du monde actuel. Cela a permis d’éclairer les citoyens sur l’importance de cette mission. Dès la fin de ce weekend, les citoyens ont à nouveau été tirés au sort pour être réparti dans des groupes de travail autour de différentes thématiques : se déplacer, consommer, se loger, se nourrir, produire/ travailler. Julie a été choisie, avec 29 autres personnes, pour travailler autour de la thématique « se nourrir ».
Ensemble, nous revenons sur cette belle expérience qu’elle a vécue…
Camille : Vous qui n’étiez pas sensible forcément à l’écologie : de réfléchir sur ce sujet-là, qu’est-ce que cela vous dit en tant que mère de famille et en tant que personne qui consomme ?
Julie : Je me suis tout de suite sentie investie sur la thématique « se nourrir », puisque ça fait partie de mon quotidien de maman : nous sommes cinq à la maison ! Ce thème a été une problématique dans notre famille puisque mon mari a eu des soucis de santé à la suite desquels nous avons dû repenser notre façon de nous alimenter. C’est lui qui a fait les premiers pas ! Ça m’a toujours fait rire : ne plus boire de lait de vache, manger des graines, arrêter les gâteaux industriels ... Cette diversification me faisait rire, puis petit à petit on y a pris goût. Il y aussi ce que j’entendais à la maison. Mes enfants me parlaient des cantines scolaires et ça m’interrogeait... Cette convention m’a rendue curieuse. Elle m’a poussé à aller voir ce qu’il se passe sur mon territoire, dans ma municipalité et dans les écoles ... parce qu’aujourd’hui, tout ce qu’on a fait ne fonctionne pas. Quand nous avons abordé ça à la Convention, en tant que citoyenne j’ai compris pourquoi c’est à nous qu’on posait les questions. Nous sommes les premiers touchés et concernés.
Camille : Parmi la dizaine d’objectifs sélectionnés pour le thème « Se nourrir », y en a -t-il une qui a vous a marqué ?
Julie : La question des pesticides. Ne pas savoir ce que l’on mange, cela nous pose tous question … Au niveau étiquetage, rien n’est très clair. Il y a encore beaucoup de produits transformés, et même ceux labélisés bios ne le sont pas à 100%. Il y a aussi la difficulté d’en parler, car c’est un sujet sensible dans le milieu agricole. Tout est question de politique, notamment avec la PAC (Politique Agricole Commune) qui gère les échanges entre les pays. Nous ne sommes plus maîtres de ce qui passe et de ce qui arrive chez nous. Nous nous sommes aussi posés beaucoup de question autour de la publicité : on condamne et veut réduire ces publicités à excès pour des grandes marques qui nous incitent à consommer du sucre, des produits gras et mauvais. Il faut que les gens comprennent… Celui qui fera le plus bouger les choses, c’est celui qui consomme. Si on dit non ou si on fait autrement, je pense que tout peut changer. On a un plus grand poids tous ensemble, simplement dans nos gestes quotidiens.
Camille : Et maintenant que la CCV est finie, que se passe-t-il ?
Julie : Cette convention demandait beaucoup de temps et d’investissement. Certains ont continué et une association a été monté pour poursuivre le projet, mais il faut parfois être calé sur des sujets et moi je ne suivais pas. Aujourd’hui c’est fini pour moi. J’ai fait ma part et je retrouve ma famille. J’ai eu envie de vivre simplement la convention, en tant que citoyenne lambda, et aujourd’hui j’ai aussi envie de transmettre tout ça, simplement. Je suis plus dans la simplicité des gestes écologiques plutôt que de vouloir m’approprier une dynamique. Sauf qu’il ne faut pas non plus se voiler la face : aujourd’hui nous en sommes là et il faut avancer.
Camille : En tant que femme croyante, qu’est-ce que cela vous a fait de participer à la CCV ? Y a -t-il une place pour la foi dans tout ça ?
Julie : J’ai participé à cette convention grâce à l’amour de ma famille, leur soutien m’a rassuré. C’était assez contraignant et ils m’ont laissé y aller. L’amour du Seigneur il est là, dans le soutien de ma famille. Une petite étoile là-haut qui m’a peut-être aussi missionnée pour participer à tout ça. J’ai été surprise que ça tombe sur moi. Je me suis dit « Pourquoi pas Éric mon mari, il est beaucoup plus calé et sensible sur ce sujet ? Pourquoi moi ? ». Mais aujourd’hui je suis fière de ce que j’ai fait. Une collègue en parlant d’une soirée « Peut-on être catho et écolo ? » que tu avais organisée m’a dit « Ben tu en est la preuve vivante, écolo et catho ! ». Ça m’a fait beaucoup rire ! C’est vrai que j’ai été appelée par la foi il n’y a pas longtemps. J’ai fait ma confirmation récemment ... L’Esprit Saint m’a poussé et m’a porté pour accomplir cette mission. Je l’ai ressenti comme ça. Je n’ai pas la prétention de dire que je suis très écolo, mais je fais au mieux ! Je remercie le Seigneur qui me donne parfois la force de cuisiner, de jardiner, de me bouger … Parce que ce n’est pas facile tous les jours et qu’il y a pleins d’occasions de laisser tomber. Je Le remercie aussi pour les échanges et les rencontres, car il y a de jolies choses qui naissent. Je ne les voyais peut-être pas avant, et aujourd’hui je vois les choses différemment. Oh oui pour tout ça, je remercie le Seigneur !
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