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God save the Green : bilan de mission (4 mois en paroisse).

Entre ce que j'avais prévu et ce qu'il s'est passé, l'écart est parfois grand. La mission en temps de pandémie et confinement n'est pas toujours simple. Retour sur la première partie de la mission God save the Green.

 

La première partie du projet God save the Green était imaginée ainsi : vivre quatre mois selon les chapitres 6, 5 et 4 de l'encyclique Laudato Si'.

En vivant principalement selon le chapitre 6 "Education et spiritualité écologique" par la vie dans deux paroisses, le partage avec les prêtres, les paroissiens et les écoles. J'avais pensé témoigner dans les paroisses mais aussi organiser des témoignages de personnes extérieures, créer une pièce de théâtre sur les saints de l'écologie intégrale avec les jeunes, et faire de l'éco-catéchèse.

En second plan, je devais vivre selon le chapitre 5 "Une écologie intégrale" en rappelant régulièrement que l'écologie dont parle le Pape n'est pas uniquement terrestre et que la conversion est spirituelle avant d'être écologique. Il y avait ensuite le chapitre 4 "Quelques lignes d'orientations et d'actions" qui devait aussi se vivre en second plan par la rencontre avec des acteurs pour l'écologie intégrale dans la région angevine.


Entre les prévisions et la réalité :


Les grands axes marquant du chapitre six sont :

- l'union et l'action;

- l'espérance et la Foi.


S'unir et agir.

"La conscience d'une origine commune, d'une appartenance mutuelle et d'un avenir partagé par tous, est nécessaire. Cette conscience fondamentale permettrait le développement de nouvelles convictions, attitudes et formes de vie" (202)


Le Pape François nous rappellera assez souvent que l'écologie à laquelle il croit est une écologie faite d'interactions : tout est lié. Prenant l'exemple des saints, il nous assure de l'importance des petits gestes, car si chacun d'entres nous agissait nous pourrions faire tout basculer. Dans mes deux missions à Saumur et Saint-Sylvain, les choses se sont passées très différemment. La mission à Saumur s'est faite en présentielle tandis que la mission à Saint Sylvain s'est faite à distance à cause du second confinement.


Les paroisses sont des petites maison du Seigneur qui accueillent des hommes et des femmes dans la richesse de leurs différences. Nous savons qu'il n'est pas simple de vivre tous ensemble dans une société; en paroisse il en est de même.


S'unir à Saumur : cette mission a été possible grâce à la présence du père Laurent et de Christelle (LEME). Sans eux, je n'aurais rien pu faire. Ils m'ont appris qu'ensemble nous étions plus forts et que nous avancions mieux ! Ils ont aussi été présents pour me dire de ralentir !


S'unir à Saint Sylvain : une mission à distance fut un coup dur que j'ai mis du temps à surmonter. J'avais appris de mes erreurs à Saumur et je me disais que cette deuxième mission serait une seconde expérience de la vie en paroisse .. Raté. Vivre une mission à distance dans une paroisse aînée, ce n'est pas simple (très peu de paroissiens étaient connectés). Pourtant, le groupe de paroissiens qui se réunissaient pour l'écologie intégrale a proposé de nombreuses choses. La paroisse était à un niveau différent de Saumur, ainsi j'avais l'impression que ma présence n'était pas du tout utile. Ce sont les paroissiens qui m'ont apaisé en m'expliquant que les petites choses accomplies étaient pour eux de grands pas !



Espérer et agir.

" Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure, dont la présence « ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée» " (225)


Certains d'entre vous ont été touché par mon espérance et ma Foi en ce monde. Sachez qu'il n'a pas été toujours si simple de porter tout cela quand je rencontrais de grands défaitistes et pessimistes qui "laissaient les jeunes prendre les choses en main". Il a ce monsieur qui a la sorti d'une messe m'avait dit "moi je n'y crois pas, même pour vous les jeunes c'est foutu". Je lui avais répondu "Croire en Dieu, c'est espérer pour demain". C'est l'essence même de God save the Green (rien qu'à travers le nom de ce projet) : l'espérance ! Il fallait semer cette espérance et redonner une place à la spiritualité dans la conception de l'écologie.


La citation de l'encyclique qui a été déclic pour moi fut celle ci :

S’il est vrai que « les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure. Mais nous devons aussi reconnaître que certains chrétiens, engagés et qui prient, ont l’habitude de se moquer des préoccupations pour l’environnement, avec l’excuse du réalisme et du pragmatisme. D’autres sont passifs, ils ne se décident pas à changer leurs habitudes et ils deviennent incohérents. Ils ont donc besoin d’une conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu est une part essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un aspect secondaire dans l’expérience chrétienne - 217

Si des actions spirituelles ont été réalisées dans les deux paroisses, c'est notamment par le soutien des pères Laurent (Saumur) et Emmanuel (Saint Sylvain) qui avaient eux aussi cette volonté de conversion spirituelle. Cela n'a pas toujours été simple non plus... Je me souviens cette soirée d'adoration où nous étions seuls, cette soirée de retour sur la mission saumuroise où seuls les prêtres, les sœurs de Sainte Jeanne Delanoue et Christelle (LEME en paroisse) étaient présents, cette journée paroissiale où lors du jeu sur Laudato Si seules les sœurs sont venus me voir ...

Mais je me souviens aussi des adorations au Créateur à Saint Pierre ( Saumur) à la lueur des bougies, méditée avec l'encyclique grâce aux groupe Adoratio, où l'église était remplie ; des méditations de l'Avent du vendredi soir à l'Eglise de Saint-Sylvain avec de nombreux paroissiens ; des chapelets méditées avec l'encyclique ; des temps de prières pour le Créateur ; de la Marche d'Assise ... Des souvenirs très différents, autant dans leurs richesses que dans la présence des autres. Pourtant, ce décalage était nécessaire ! D'ailleurs, si c'était à refaire, je ferais AUTANT d'actions spirituelles : sur ce point personne ne me changera ! L'écologie est d'abord spirituelle, pas politique ni militante.


Pour le chapitre 6 : je pense que la mission d'espérance et de foi a été la plus dure, mais elle a été accompli, avec beaucoup de résilience et de patience. Pour l'union et l'action, il a fallu nous apprivoiser tous, mais dans les conditions vécues (covid, confinement) je pense pouvoir dire que nous avons fait de notre mieux ...


Pour le chapitre 5 : l' " écologie intégrale" a été mon gros mot préféré durant toute la mission (il l'est encore aujourd'hui!). Il m'a fallu du temps pour réussir à trouver un équilibre, car j'ai souvent délaisser mon propre corps pour répondre aux besoins et aux demandes des autres. Aujourd'hui, je travaille encore dessus et je tente de dompte cette amour de la mission que je vis à fond. Pour les autres dimensions, elles ont été respectés : relation aux autres (même si bien sûr il y a eu quelques coups de gueules et quelques colères), relation à la Terre (Marche d'Assise et réduction des déchets au plus possible, avec partage des temps de cuisine avec mes hôtes pour cuisiner autrement), relation à Dieu (par la prière, les messes, les temps auprès des prêtres).


Pour le chapitre 4 : il s'est traduit par la série "Anjou Vert" qui m'a demandé tant de travail. Il y a encore de nombreuses personnes que je n'ai pas eu le temps d'interviewer et de filmer... Nous avons déjà pris contact et ils m'attendent pour une rencontre au retour du Tour de France. Il reste de belles personnes qui peuvent nous aider à entrer en conversion !


Et après ? De décembre à avril 2021.

La mission a Saint-Sylvain s'est terminée le 24 décembre 2020. Officieusement, elle a continué puisque j'ai été dire les méditations les samedi dans l'église de mon village (qui fait partie des paroisses du père Emmanuel Bouchaud). J'ai été en pause le 31 décembre pour quelques jours : sans travail, sans email, sans réseaux sociaux. Il a vite fallu revenir à la réalité : entre covid et tour de France, mon cœur balançait.

J'ai relancé le tour de France, créé un carnet de carême en quelques semaines, tout en continuant à intervenir dans des écoles et des collèges. J'ai aussi rendu quelques services à des communautés dont j'étais proche ... Bref, je courrais partout. Etonnement, c'est d'abord mon esprit qui a lâché. Je n'ai plus pris soin de mes besoins, car je savais que beaucoup de monde attendait mon aide. Au début je réussissais à garder l'espoir et le sourire le jour, pour être dévastée la soirée et la nuit. Cela n'a pas duré ... Mes amis avaient souvent dis en riant "olala ne fait pas de burn-out avec ce projet" ; j'y ai échappé pour faire une petite dépression. Le confinement, la mission à l'arrêt, le covid... les missionnaires n'échappent pas à la baisse de moral. Quand j'ai compris ce qui m'arrivait, j'ai tout arrêté après avoir tiré sur mes dernières forces. C'est à ce moment-là que mon corps à lâché. J'ai ainsi réalisé la limite de la mission en solitaire : certains missionnaires sont plusieurs et reçoivent le souvent régulier d'un aumonier, ici j'ai bien les amis et la famille mais cela n'a pas la même force dans cette mission.


Ci-joint : bénédiction par le père Emmanuel Bouchaud, venu célébrer dans l'église de mon village.


Après avoir pris soin de moi et m'être reposée, je pensais partir en tour de France. J'étais prête, à nouveau en pleine forme, le sac ficelé ... et le confinement est encore tombé. Je ne m'y attendais pas du tout, et pour autant je me suis laissé portée. Je pense que j'ai à la fois totalement confiance, et je me sens aussi un peu lasse : il faut vivre avec ce virus, mais continuer à vivre de belles expériences !

Le projet ne s'arrête pas, il évolue : je pars donc vendredi vivre un confinement dans un lieu qui faisait parti du tour de France : l'abbaye d'Echourgnac. Trois semaines auprès des sœurs cisterciennes, de jeunes venus étudier ou de Woofeurs pour profiter du Seigneur et de la Nature. Ce lieu réserve de jolies surprises; j'ai hâte d'y partir !


Le tour de France reprendra dès le déconfinement, mais il aura encore bien été modifié : je ne partirai plus que dans des abbayes et des monastères, et non plus des paroisses .. Je suis une personne à risque, tout comme les frères et les sœurs que je vais côtoyer. Pas question de véhiculer le virus, il nous a déjà causer assez de souci, non ?


Aimez, priez, semez et espérez !

Camille pour God save the Green



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