Dans notre société où le corps est autant présenté comme un idéal de beauté, qu'utilisé comme un outils de revendication, il n'est pas toujours simple de trouver sa place. Quel lien y a t-il entre écologie intégrale et écologie humaine, où placer le regard de Dieu sur notre corps ?
Je ne pouvais partir en tour de France, et clôturer presque onze mois (!!) de thématiques autour de l'écologie intégrale sur le blog, sans ENFIN parler de l'écologie du Corps.
Quel sujet ! Théologie du Corps, écologie humaine, tant de mots et de débats autour d'un sujet simple : deux bras, deux jambes et tout ce qui va avec.
Lors des interventions en établissements scolaires, notamment auprès des collégiens et lycéens, je prends toujours le temps de parler d'une écologie intégrale à leurs niveaux. Nous parlons donc de "la relation à soi" : c'est-à-dire de sexualité, de bienveillance envers soi-même, d'indulgence envers nos capacités et nos limites. Ce sujet, en plus du harcèlement (qui est souvent causer par la critique d'une différence physique ou intellectuelle d'un jeune), sont les thématiques les plus tabous, mais aussi celles pour lesquelles les jeunes ont été les plus curieux. Pourtant, ce ne sont pas seulement des sujets d'adolescents : l'Homme verra son corps évoluer au fils des années et devrait apprendre à réadapter son mode de vie régulièrement. Alors prenons le temps de comprendre l'écologie du Corps ...
Pour une écologie humaine .
Le terme d'écologie humaine est un courant sociologique qui s'intéresse aux hommes et à leurs milieux de vie. Plus particulièrement à la manière dont l'Homme traite son environnement, se traite lui-même et traite les autres hommes ; tous liés comme étant des créatures de Dieu. L'écologie intégrale tente de reprendre les dimensions de l'écologie humaine pour les rallier à l'écologie environnementale. Pour le Pape François : "Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine", mais aussi "Tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres. " (LD Si 70)
" L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune ; tandis qu’une logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine." - Laudato Si' 155
Fait à l'image de Dieu.
"Faisons l'Homme à notre image" , voilà la phrase qui témoigne le plus de l'Amour que Dieu à pour nous. Fait à Son image, par amour. Et pourtant ce corps, qu'il est dur de l'accepter ! Nous avons certes des qualités, mais nous voyons plus facilement nos défauts. Une fois focalisé sur notre faiblesse en math ou notre nez pointu, nous oublions nos facilités dans d'autres domaines et notre beauté !
Le christianisme est une religion du corps par l'Incarnation : Dieu s'est lui-même fait homme à travers le corps de Jésus. Ce corps qui symbolise la vie, quand celui du Christ représente l'éternité.
Ce corps n'est pas comme on voudrait : des adolescents jusqu'aux adultes, au quotidien nous nous plaignons de ce que nous sommes. Il peut aussi nous arriver d'envier d'autres personnes. Notre corps a des limites, des défaillances, et il nous faut du temps pour nous comprendre. C'est un grand enjeux spirituel que de s'apprécier, surtout dans un monde où l'on nous montre des idéaux de beautés aux mensurations précises. Cependant, il nous faut faire l'effort de nous accepter et de nous écouter. Prendre soin de soi, s'aimer, ce n'est pas s'idolâtrer et tenter d'avoir un corps à la perfection ! C'est réaliser qu'au-delà des petits défauts que nous n'aimons pas, nous avons beaucoup d'avantages qui peuvent nous aider à nous épanouir, à être heureux et à être fiers de nous.
" Le Créateur peut dire à chacun de nous : « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu » (Jr 1, 5). Nous avons été conçus dans le cœur de Dieu, et donc, « chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire »" - Laudato Si' 65
Nous sommes tous différents, et c'est une chance. Cela nous oblige à nous entraider selon nos capacités, à nous rallier et aux autres et à vivre ensemble.
Le corps : sanctuaire de l'Ame.
L'Homme est composé d'un corps... et d'une âme ! Nous invitons Dieu à habiter dans nos cœurs au quotidien, et Dieu n'est pas uniquement présent lorsque nous prions ! Il est là à chaque fois que nous utilisons notre corps comme outils pour faire (le) mal.
Le corps est un outils de sainteté : je peux choisir de le blesser, de blesser un autre avec ce corps, de me blesser en interagissant avec d'autres. Au delà des débats d'abimer son corps par les tatouages ou piercings, on peut aussi l'abimer en choisissant de le donner à un autre, de l'exhiber ou de le mutiler, mais aussi de le forcer à être comme on voudrait (ou comme la société voudrait qu'il soit).
" Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église" - Ep 5, 25 - 29
"Dans le Christianisme, le corps ne peut qu'être célébré, aimé et respecté. Saint Paul ne dit-il pas : " Glorifiez Dieu dans votre corps" (I Co 6, 20) et saint François de Sales : le chrétien doit aimer son corps comme une vivante image de celui du Sauveur incarné" ? " - Yves Semen
Le corps est aussi un bel outils pour exprimer son amour au Seigneur, lors de la prière ! Que ce soit lorsque nous nous inclinons, nous agenouillons, nous joignons les mains ou nous les levons au Ciel ! Chacun sa méthode, mais nous utilisons tous notre corps pour témoigner notre respect au Seigneur.
Et le corps qui souffre ?
Le corps ou/et l'âme peuvent souffrir. Nous connaissons parfois des moments plus durs, où nous sommes perdus. Je peux moi-même le dire : j'ai longtemps chercher la justice dans le fait d'avoir deux maladies! Et bah aucune ! C'est un jeu de loterie. Il m'a fallu vingt-trois années pour comprendre que mon corps m'avait amené à trouver la Paix... grâce au Seigneur. C'est grâce à Lui seul que je peux continuer à accepter les épreuves de la vie, avec ce corps si lourd et défaillant !
Malgré cela, il est toujours bien délicat de dire aux autres : la souffrance est une chance. Chacun entend différent cette "chance", et il faut aussi le respecter ! Cette fragilité nous rapproche des souffrances du Christ (physiquement mais aussi moralement puisque Jésus fut humilié et rejeté !). Une occasion pour nous de nous rapprocher de Lui, par la prière et en ayant confiance !
Dans nos fragilités, ce corps nous donne aussi la grâce d'avoir de la sensibilité. Cette dernière nous permets de donner, de recevoir... et de ressentir. Tout est lié : mon corps agit pour le Seigneur, mon âme exulte le Seigneur !
Deux vidéos à regarder ?
L'abbé Jean-Baptiste Siboulet du PadreBlog reprend les grands points qui construisent notre corps au quotidien afin de mieux l'aimer et de mieux comprendre son importance pour les catholiques.
Les dominicains ont créé une série de quatre vidéo pour comprendre le regard de l'église sur le Corps : fait à l'image de Dieu, homme et femme, l'homme est il un animal ? Des petites vidéos, très courtes et accessibles à tous !
Des saints pour nous guider ?
Sainte Agnès : À l'âge de douze ou treize ans, elle rejette les avances du fils du préfet de Rome qui la courtise avec empressement, lui déclarant qu'elle est déjà fiancée à quelqu'un de bien plus noble que lui. Le jeune homme serait tombé malade d'amour. Lorsque son père en connaît la raison, il convoque Agnès qui lui confie qu'elle est chrétienne et promise à Jésus-Christ. Le préfet lui ordonne alors de sacrifier aux dieux romains sous peine d'être enfermée dans un lupanar. Refusant de lui céder, Agnès est dépouillée de ses vêtements et conduite, nue, à travers la ville, jusqu'au lieu de prostitution, mais ses cheveux se mettent à pousser miraculeusement, recouvrant entièrement son corps. Alors que le fils du préfet lui rend visite, bien décidé à la conquérir, un démon l'étrangle et il meurt. Fou de colère, le préfet ordonne qu'Agnès soit brûlée en place publique comme une sorcière, mais le feu épargne la jeune fille et détruit ses bourreaux ; finalement, Agnès est égorgée. Avant que le bourreau ne frappe, Agnès lui aurait dit : « Celui qui le premier m'a choisie, c'est Lui qui me recevra ».
Sainte Agnès est la sainte patronne des vierges, des fiancés et de la chasteté.
Bienheureuse Karolina Kozka : Martyre polonaise de la Première Guerre Mondiale. Karolina prenait soin des personnes âgées et était engagée dans sa paroisse, notamment auprès des enfants du village à qui elle enseignait le catéchisme. Durant la guerre, un soldat russe l'enleva de chez elle et l'emmena en forêt où il tenta d'abuser d'elle. Elle défendit sa virginité avec force et l'homme la tua.
" Par son exemple, elle montre aujourd'hui encore, et en particulier aux jeunes, la valeur de la pureté, le respect du corps humain et la dignité des femmes. Faites confiance à son intercession, afin qu'elle vous aide à témoigner courageusement des vertus chrétiennes et des valeurs évangéliques " - Pape François
Saint Jean-Marie Vianney : « Il y a deux manières de souffrir : souffrir en aimant et souffrir sans aimer. Les Saints souffraient tout avec patience, joie et persévérance, parce qu'ils aimaient. Nous souffrons, nous, avec colère, parce que nous n'aimons pas. Si nous aimions Dieu, nous aimerions les Croix, nous les désirerions, nous nous plairions en elles. Nous serions heureux de pouvoir souffrir pour l'amour de Celui qui a bien voulu souffrir pour nous. Ainsi soit-il. » Saint Ténénan : "Adolescent, il était si beau que la fille de la comtesse d'Arondel le voulait absolument pour époux. Mais, désireux de fuir les mondanités et ayant décidé « de garder sa virginité, se mis en prières, suppliant la divine Majesté de le rendre si laid et si difforme que personne plus n'en voudrait, promettant, derechef, de garder chasteté perpétuelle, si Dieu lui faisait cette faveur. Il fut exaucé, et, dans l'instant, toute la superficie de son corps fut couverte de lèpre, en sorte qu'il faisait horreur à tous ceux qui le regardaient ». Il entra alors au monastère dirigé par saint Carantec situé en Irlande; ce dernier le guérit de la lèpre, en le plongeant dans un bain de sa préparation, « sa peau devint nette et blanche comme celle d'un petit enfant » et l’envoya prêcher" (Wikipédia)
Sainte Faustine : "Un jour, éprouvant une grande souffrance, j’ai abandonné mon emploi pour aller chez Jésus et Le prier de me donner Sa force. Après une très courte prière, je suis revenue à mon travail, pleine d’ardeur et de joie. Une des Sœurs me dit : " Vous devez avoir aujourd’hui beaucoup de consolations, ma Sœur, car vous êtes si radieuse. Dieu ne vous envoie sûrement aucune souffrance, mais seulement des consolations." - " Vous vous trompez bien, ma Sœur, répondis-je, car c’est justement quand je souffre beaucoup, que ma joie est la plus grande, et quand je souffre moins, ma joie est moindre aussi. " Cependant cette âme me laissa entendre qu’elle ne me comprenait pas. J’ai taché de lui expliquer que, quand nous souffrons beaucoup nous avons une merveilleuse occasion de témoigner notre amour à Dieu." (Le Petit Journal de Ste Faustine, 302)
Aimez, Priez, Semez,
Camille pour God save the Green
Une prière ?
Une citation ?
Découvrir l'écologie humaine par les encycliques ?
Sources :
* Amoris Laetitia - Pape François
* Laudato Si' - Pape François
* Comment sauver la planète à domicile, l'art de vivre selon Laudato Si' - d'Adeline et Alexis Voizard (chapitre 7 : la salle de bain, lieu où accueillir son corps et chapitre 8 : la chambre conjugale, lieu où inviter Dieu)
* La sexualité selon Jean Paul II - Yves Semen
* Doctrine Sociale de l'Eglise
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