Cette semaine (17 au 23 mai) nous célébrons la "Semaine Laudato Si" mais aussi les cinq ans de publication de l'encyclique du Pape François. Cet écrit a relancé la conscience écologique des hommes, mais qu'en était-il avant qu'il ne soit publié? Les catholiques ont-ils toujours vécu sans se soucier de la Création ?
Depuis très longtemps déjà, les catholiques ont eu recours à Dieu pour protéger les terres, les productions ou pour préserver les hommes des famines et des maladies.
En cette semaine Laudato Si, il se passe aussi un autre événement: les rogations.
Au IVème siècle, la Vienne gauloise est dépassée par de nombreuses tragédies.
Saint Mamert, alors évêque de Vienne, ordonna trois jours de litanies et de jeûne. Toutes les calamités cessèrent immédiatement. On continua donc de vivre ainsi trois jours par an.
Les rogations ont souvent lieux les trois jours précédant l'Ascension. Nous ne savons pas vraiment pourquoi elles ont lieux à cette période, et cela peut varier selon les régions. Relevons cependant que la saint Mamert est fêtée le 11 mai, et qu'il fait parti des "saints de glace". Ces saints, désormais associée à un date, sont importants pour les agriculteurs et l'avenir météorologique : « Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert font à trois un petit hiver.», « Saint Mamert, premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace. »
Pourquoi faire des rogations?
"Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous" - Jean 15, 7
Le mot rogation vient du latin rogare qui signifie "demander". En bas latin, elle a pris le sens de "supplique, prière". Les rogations prennent la forme d'une procession de trois jours à travers la campagne pour demander à Dieu de bénir et faire fructifier les travaux des champs.
Elles se déroulent sur 3 axes de prières:
- Pour le Saint Père, le Pape,
- Pour la paix dans le monde,
- Pour le monde agricole.
"Ces prières de rogations sont à vivre, non pas comme une recette que donne le coup de goupillon du prêtre sur les champs mais comme une invitation à rentrer plus profondément dans la sagesse et la miséricorde de Dieu comme Créateur de la terre et de ce qu’elle contient. On pourrait dire que cette bénédiction des biens de la terre est un appel à refaire confiance en Dieu qui conduit toutes choses à bonne fin. C’est là que réside la sagesse paysanne : le paysan est l’homme capable de discerner la présence et l’action de Dieu dans la Création. Il est l’homme de l’admiration, il voit ce que les autres ne voient pas et par là il devient l’homme de l’adoration. " - Journée Paysanne
Cette tradition perdure encore dans les petites paroisses, mais avec la modernisation et l'exode rural nous n'entendons que rarement parler de ces processions. Et pourtant cette procession est belle (pour les curieux vous pouvez regarder les prières et textes) ! Que nous soyons agriculteurs ou pas, la Terre est notre avenir et nous pouvons prier en cœur pour que la production soit fructueuse.
J'aurais aimé vous inviter à joindre une procession, mais déconfinement ou pas je ne peux pas vous proposer de sortir. Cependant, j'ai une joli alternative: prendre une minute ou deux pour observer cette peinture du peintre Jules Breton : « la bénédiction des blés ».
Pour cette semaine bien riche, notre culture en tradition catholique autour de la Création se limitera aux rogations. Mais sachez qu'ils existent bien d'autres choses dont j'ai hâte de vous parler!
Et maintenant ?
Aimer, Prier, Semer.
Camille pour God save the green.
Sources :
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